
Du mercredi 23 au samedi 26 mars, tu trouveras sur le site du festival le « refuge des sorcières » . Dans ce refuge : des bénévoles motivées pour rendre le festival le plus safe, accessible et bienveillant possible !
Comment nous trouver? Grâce à de magnifiques panneaux d’indications et affiches et à nos super bénévoles !
Si tu en ressens le besoin pendant le festival, tu peux aussi nous contacter sur ce numéro de téléphone des sorcières : 0614998880.
Le refuge des sorcières en journée 
Du mercredi au samedi, de 13h à 16h, les sorcières proposent un espace de prévention (sur le consentement, le harcèlement, les discriminations, la consommation de substances…) et de discussions. Fauteuils, activités, affiches thématiques, accès à du matos de prévention, écoute et discussions bienveillantes sont autant de raisons de passer au refuge des sorcières !
Et à qui s’adressent ces moments de partage l’après-midi? Il y aura des créneaux ouverts à tous.toutes, et aussi des moments de discussions en mixité choisie (femmes cis, personnes trans et non binaires, non ouvert aux hommes cis). Comment le savoir ? L’information sur la mixité-non mixité sera écrite sur un panneau devant le stand ! Et bien sûr, tu peux toujours poser la question à l’un de nos merveilleux bénévoles
Ça veut dire quoi cis ? Une personne CIS c’est quelqu’un dont l’identité de genre est en adéquation avec le genre qui lui a été assigné à la naissance.
Le refuge des sorcières en soirée 
Nous proposons aux festivaliers et bénévoles un lieu de repli en mixité choisie pour les personnes agressé·e·s, oppressé·e·s ou qui ont simplement besoin de se retrouver dans un espace sécurisant (mixité choisie = ouvert aux femmes cis, aux personnes trans et non binaires, et non ouvert aux hommes cis).
Remarque importante : les sorcières ne sont en aucun cas des professionnelles formées à la gestion de personnes agressées, nous sommes là pour proposer un refuge, un lieu de repli bienveillant et écouter les victimes. En cas de besoin qui dépasse nos capacités, nous saurons te rediriger (si tu le souhaites) vers les secours, des numéros d’écoute professionnels, ou faire appel à l’équipe de sécurité. Tu peux aussi venir nous voir si tu es témoin d’une situation anormale mais que tu ne sais pas comment réagir (tu peux aussi trouver des fiches qui expliquent comment agir dans ce genre de situation dans nos ressources).
Les remarques des sorcières
Pourquoi le refuge est-il en non mixité choisie pendant les soirées ?
Ne faudrait-il pas qu’il soit ouvert à tout le monde, hommes cis compris? Car eux aussi peuvent être victimes d’agression.
-> Bien sûr, les hommes CIS aussi peuvent être victimes, et le but du stand sorcières n’est surtout pas d’invisibiliser les discriminations qu’ils peuvent subir. Une grande partie de ces discriminations est mise en lumière grâce à nos visuels de prévention et peuvent être abordés ensemble, pendant les temps mixtes du stand l’après midi ! Et bien sûr, qui que tu sois, si tu as un problème pendant le festival, les bénévoles sont là pour t’aider et te rediriger au besoin ! (Secours, sécurité, voiture, membres actifs de l’asso…), n’hésite pas à les interpeller ! Cependant, en soirée, le stand sorcières est là pour répondre du mieux que nous le pouvons peut aux différentes agressions dont les femmes, trans et non binaires peuvent être victimes en milieu festif : lourdeur, harcèlement, agressions… Fermer l’accès aux hommes cis permet réellement de libérer leur parole et de créer un lieu le plus sécurisant possible. C’est pourquoi nous avons décidé de le rendre non mixte pendant les soirées et certains moment de la journée.
Pourquoi ce nom : « les sorcières » ?
-> Les sorcières deviennent une figure emblématique à partir du Moyen-Âge. D’un point de vue culturel, social, économique et politique cela s’inscrit dans le cadre d’une domination de l’Église catholique. Les interprétations de la Bible dépeignent les femmes comme des sujettes du démons, de la déchéance des hommes (Eve mangeant la pomme). Luttant contre le diable, l’Église catholique va mener des « chasses aux sorciers », qui s’avèrent être des « chasses aux sorcières »(Claude Seignolle, Les Evangiles du Diable). Entre les années 1320 à 1650, des centaines de milliers de femmes vont être pourchassées, jugées, condamnées à mort. Il s’avère que la plupart d’entre elles étaient des sages-femmes (femmes sachantes) ou guérisseuses (Mona Chollet), appartenant aux classes populaires. Et les persécutions se poursuivent jusqu’au 19ème siècle. Une autre lecture de ces faits n’est proposée qu’à partir du 19ème siècle par l’écrivaine Mathilda Joslyn Gage, afin de réhabiliter ces femmes et de mettre l’État et l’Église face à leurs responsabilités.
Les féministes de la secondes vague (1960’s) s’emparent de la figure de la sorcière. Par exemple, le mouvement WITCH organise , entre autre, des manifestations théâtralisées. Les activistes défilent en exhortant la chute des actions à Wall Street. (quelques jours plus tard, le marché perd 5 points en bourse)iii(Ibidem) . Cette figure est reprise par divers groupes de féministes, et devient l’incarnation de résistances et de luttes face aux oppressions patriarcales. La sorcière est vue comme un symbole d’émancipation, de liberté, d’acceptation de la vieillesse et de dissidence( Ibidem) (Bien sûr cette figure n’a pas été exempt de détournements!)
« Se nommer « sorcières », c’est tout à la fois reclaim (revendiquer et réinventer) cette ancienne religion de la déesse et se présenter comme héritières de ces milliers de femmes brûlées vives pour avoir refusé de plier devant l’éradication de leur monde par celui qui était en train de naître et sa logique de prédation. Elles n’étaient pas obligées d’utiliser ce mot, suscitant malaise et ricanement, mais ce choix est celui d’affronter derrière cela ce que les écoféministes appellent la culture de la mise à distance, à savoir notre culture, qui ne supporte que les mots abstraits, séparés de tout affect comme de leurs conséquences. Se sommer « sorcières », c’est à l’inverse une façon de reprendre contact avec soi et le monde, en se reconnectant avec son histoire, avec l’échec historique des femmes devant la guerre que leur a déclaré le capitalisme, mais donc aussi avec leurs peurs – peur d’être rejetée, peur d’être agressée, peur d’être méprisée, etc-, une façon de se reconnecter à ses émotions, à son propre jugement, à sa propre expérience, et finalement à son propre pouvoir. » Emilie Hache (Reclaim Ed. Cambourakis, page 38-39).
Un témoignage de Karnavaleuse
« C’est la dernière soirée du Karna et la teuf bat son plein. La soirée festive, c’est toujours ma préférée. Bon ça fait vingt minutes que j’ai pas vu mes ami·e·s mais iels ont dû partir sous le Chill out ; je me rends au bar en les attendant. J’attends ma bière et un jeune homme, grand sourire aux lèvres, me propose de régler mon coup à boire. « Non c’est gentil, merci ! » Je me dirige sous le chap’ et la musique m’emporte, je me mets à danser, j’ai le sourire et je croise le regard d’un gars. Un pogo est lancé, je m’écarte. Je le sens derrière moi. Ça me stresse, il m’oppresse. Je me rapproche du bar intérieur pour retrouver des visages familiers, puis je file vers les toilettes. Il a décidé de me suivre, il veut engager la discussion, quitte à être lourd devant le reste de la file qui attend l’accès aux toilettes. Le fait qu’il ait un comportement relou, ça, il ne s’en rend même pas compte.
« Elles sont assez grandes pour deux, tes toilettes ? » Ça me révolte ce genre de réflexion, je m’y habituerai jamais. Ça arrive même au Karna ! Les personnes qui m’entourent font mine de ne pas entendre, comme s’il s’agissait d’une discussion « personnelle », entre lui et moi. Vraiment ? Et puis même si c’était mon amoureux ! Ça nous coûte quoi de s’assurer les un·e·s les autres qu’on se sent bien et en sécurité là où l’on est ? Une leçon, ce soir encore : le harcèlement sexiste, moral et sexuel n’a pas de frontières, de goûts musicaux privilégiés, de cadres affectifs prédéfinis, de valeurs humanistes déclarées. Partout, le harcèlement sexiste, moral et sexuel existe et partout il a des complices. »
-> Sécurité pour tou·te·s ? Les dominations de genre, de race et de classe règnent dans notre société, sont des sources continues de violence et le Karnaval Humanitaire n’y fait pas exception. L’édition 2022 du festival souhaite prendre ses responsabilités et c’est pourquoi il a créé ce lieu de refuge dédié à l’accueil de personnes agressé·e·s, oppressé·e·s ou qui ont simplement besoin de se retrouver dans un espace sécurisant. Les individues qui y veillent porteront des chapeaux de sorcières. Elles seront présentes sur l’ensemble du site du festival, et pourront t’accueillir dans une tente dédiée à côté de l’espace projet. N’hésite pas à nous solliciter !
Solidairement et sororitairement,
Les sorcières du Karna.
P.S. : des sorcières ?! Tu peux découvrir « Sorcières, la puissance invaincue des femmes » de Mona Chollet, « Caliban la sorcière » de Silvia Federici, les podcasts des « Couilles sur la table » ou « Gang of Witches »!